Le changement climatique est l’un des plus grands défis auxquels le monde naturel est actuellement confronté, avec des effets attendus sur de nombreux aspects de la biodiversité. Les changements de température et de précipitations peuvent notamment affecter la disponibilité d’habitats adéquats pour de nombreuses espèces, et compromettre leur capacité à se disperser et à coloniser de nouvelles zones. Leurs aires de répartition géographique sont alors susceptibles d’être modifiées en réponse au changement climatique.
Une étude récente s’est penchée sur l’effet des variations climatiques sur les lézards anoles de Cuba. Les lézards anoles constituent un groupe diversifié de reptiles que l’on retrouve dans toutes les îles de la Caraïbe. À Cuba, il existe une grande variété d’espèces d’anoles, adaptées à différents habitats et niches écologiques, et qui jouent un rôle important dans le fonctionnement de l’écosystème, en particulier les réseaux trophiques.
Les auteurs de l’étude ont émis l’hypothèse que les espèces à large répartition, qui rencontrent des variations climatiques plus importantes dans leur distribution, devraient être plus tolérantes aux conditions météorologiques extrêmes ou variables que les espèces à distribution restreinte, et pourraient donc être plus susceptibles de conserver leur aire de répartition géographique actuelle dans scénarios futures de changement climatique.
Pour tester cette hypothèse, les auteurs ont utilisé une combinaison de données climatiques et de modélisation des niches écologiques. Les données environnementales pour les scénarios climatiques actuels et futurs ont été rentrées dans un modèle permettant de générer les niches écologiques potentielles pour chaque espèce et chaque écomorphe, mais aussi pour prédire les déplacements potentiels de l’aire de répartition en fonction des scénarios climatiques futurs.
Les résultats ont montré que, contrairement aux attentes, les variations climatiques subies par les anoles dans leur habitat n’étaient corrélées avec l’importance de la zone qu’ils occupent, bien que des différences entre les espèces aient bien été mises en évidence. Les espèces orientales font ainsi face à un habitat plus hétérogène avec des variations climatiques plus importantes, et pourraient donc avoir une plus grande tolérance climatique. Au contraire, les anoles occupant des habitats à faible variation climatique, tels que les anoles géants des cimes, pourraient perdre une plus grande proportion de leur habitat selon les scénarios futurs de changement climatique. Dans l’ensemble, l’étude a révélé que la plupart des espèces d’anoles de Cuba seront affectées par le changement climatique, allant même jusqu’à l’extinction pour certaines d’entre elles.
Ces prévisions soulignent la nécessité de prendre des mesures de conservation proactives pour atténuer les effets du changement climatique sur ces espèces. L’étude souligne également la nécessité de mener des recherches scientifiques sur les effets du changement climatique sur les espèces, en particulier dans la région des Caraïbes qui abrite une grande biodiversité, afin d’élaborer des stratégies efficaces pour protéger ces espèces et préserver les écosystèmes face aux changements globaux.
A propos de l’auteur
Après avoir obtenu sa licence à la Faculté de biologie de l’Université de La Havane, à Cuba, Anaisa Cajigas Gandia a entamé un master à l’Université de Bourgogne Franche-Comté (Dijon, France). Son projet de recherche, soutenu par Caribaea Initiative, était consacré à la réponse écologique des anoles de Cuba au changement climatique.
Référence
Cajigas Gandia, A., Bosch, R.A., Mancina, C.A. & Herrel, A. (2023). Climatic variation along the distributional range in Cuban Anolis lizards: Species and ecomorphs under future scenarios of climate change. Global Ecology and Conservation 42: e02401.