De récentes études montrent que des parasites et agents pathogènes peuvent avoir un impact sur une espèce de grand intérêt commercial, qui génère chaque année 500 millions de dollars de revenus pour les pêcheurs et près d’un milliard de dollars à l’export.
A l’heure où les changements climatiques mondiaux et une température de l’eau plus élevée peuvent faciliter la propagation de pathogènes variés dans l’océan, une attention croissante doit être accordée à l’état de santé des organismes marins, en particulier ceux qui présentent un intérêt écologique et commercial. Nicole Atherley, étudiante en dernière année de doctorat à la Ross University School of Veterinary Medicine (St Kitts & Nevis) et membre de Caribaea Initiative (une ONG de conservation basée dans les Caraïbes), est récemment parvenue à des résultats nouveaux et originaux quant à la présence d’agents pathogènes chez la langouste blanche, Panulirus argus, dans les Caraïbes orientales. L’espèce, qui est considérée comme un mets délicat dans le monde entier, constitue une ressource économique importante pour la pêche artisanale, sur un territoire s’étendant de la Caroline du Nord (États-Unis) au Brésil et dans tout le bassin des Caraïbes. Cependant, en dépit d’une diminution des populations dans l’ensemble de son aire de répartition, ses maladies et ses agents pathogènes restent méconnus.
Dans deux articles scientifiques publiés récemment, Nicole Atherley et ses collègues de l’Université de Ross ont mis en évidence l’infection de langoustes blanches par divers parasites et agents pathogènes, notamment des bactéries, des microsporidies (des champignons parasites) et des vers. Deux espèces de némertes (dont une décrite pour la première fois) étaient particulièrement présentes, avec près de 90% des langoustes femelles fécondes examinées autour de Saint-Kitts infectées par au moins une de ces espèces de vers parasites qui se nourrissent des œufs de leurs hôtes crustacés. Les infections par des microsporidiens ou des bactéries étaient, quant à elles, associées à des nécroses des muscles et des parties caudales des langoustes, des dommages pouvant sérieusement affecter leur valeur commerciale. D’après le professeur Frank Cézilly, président fondateur de Caribaea Initiative, ces résultats sont d’une grande importance : « On sait que le changement climatique aggrave les maladies chez les crustacés. L’augmentation de la température et l’acidification des océans agissent tous deux comme des facteurs de stress qui affectent négativement la capacité d’espèces d’importance écologique et commerciale à résister aux maladies infectieuses et aux parasites. Les résultats obtenus par Nicole Atherley lors de son doctorat encouragent à poursuivre ces recherches et à suivre de plus près l’évolution des populations de langoustes dans les Caraïbes en lien avec les changements climatiques ». En phase avec une des missions de Caribaea Initiative, le renforcement des compétences en écologie des maladies marines s’avère en effet être de première importance dans la Caraïbe insulaire, d’autant plus que cette région est fortement dépendante des ressources apportées par l’océan, tant comme moyen de subsistance que pour le tourisme. Originaire de la Barbade, Nicole Atherley est prête à relever le défi.
References
Atherley, N.A.M., Dennis, M.M. and Freeman, M.A. (2020). Two species of Carcinonemertes Coe, 1902 (Nemertea: Carcinonemertidae) infesting the Caribbean spiny lobster, Panulirus argus (Latreille, 1804) (Decapoda: Achelata: Palinuridae), in Saint Kitts, West Indies. Journal of Crustacean Biology, ruaa060, https://doi.org/10.1093/jcbiol/ruaa060
Atherley, N.A.M., Freeman, M.A., Dennis, M.M. 2020. Post-mortem examination of the Caribbean spiny lobster (Panulirus argus, Latreille 1804) and common pathology in a fishery of the Lesser Antilles. Journal of Invertebrate Biology, 175: 107453. [doi: 10.1016/j.jip.2020.107453]