CIMBA : Un projet innovant pour étudier et contrôler les mammifères prédateurs exotiques

L’association Caribaea Initiative, engagée depuis des années dans la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, vient de lancer son projet le plus ambitieux à ce jour : CIMBA. Ce projet vise à mieux comprendre et contrôler l’impact des mammifères exotiques sur la biodiversité des Antilles, une menace conséquente qui nécessite une approche pluridisciplinaire combinant recherche, action et sensibilisation.

 Les espèces exotiques envahissantes : une menace grandissante pour la biodiversité caribéenne

Les espèces exotiques envahissantes (EEE) représentent aujourd’hui l’une des principales menaces pour la biodiversité à l’échelle mondiale. Leur impact est dévastateur dans les écosystèmes insulaires, dont les caractéristiques rendent les espèces qui les peuplent particulièrement vulnérables à cette menace. En particulier, les mammifères prédateurs introduits menacent une large gamme d’espèces autochtones de la Caraïbe, tels que des oiseaux endémiques ou des petits reptiles.

Depuis plusieurs années, Caribaea Initiative a placé l’étude et la lutte contre les EEE au cœur de ses préoccupations. Avec des projets tels que MERCI, consacré à plusieurs espèces de reptiles exotiques, et DEVIMTOR, portant plus spécifiquement sur les tortues d’eau douce, l’association a développé une expertise solide dans ce domaine. Dans le cadre de certains de nos autres projets, à l’instar du projet ESPACYPA dédié à l’étude d’espèces d’oiseaux gibiers, les mammifères exotiques font déjà l’objet d’une collecte parallèle de données, notamment grâce à l’utilisation de pièges photographiques poursuivi de la faune. Tous ces projets nous ont apporté le recul, l’expérience et l’expertise nécessaires pour nous lancer dans un projet de plus grande envergure, cette fois dédié aux mammifères prédateurs exotiques : le projet CIMBA.

Des chats sont fréquemment observés via nos pièges photographiques, comme ici dans le cadre du projet PROSPOVERG

Le projet CIMBA : une ambition sans précédent

Débuté le mois dernier, le projet CIMBA (« Contrôle de l’Impact des Mammifères exotiques sur la Biodiversité dans les Antilles») est le projet le plus ambitieux à ce jour mené par l’association. Combinant des approches multiples et complémentaires, il a pour objectif de développer et de mettre en œuvre une stratégie coordonnée de lutte contre l’impact des mammifères exotiques envahissants dans plusieurs territoires de la Caraïbe insulaire. Pendant trois ans, une partie de notre équipe, renforcée à l’occasion via le recrutement de nouveaux personnels, sera largement mobilisée sur ce projet.

Yuna Mélane, doctorante, installe un piège photographique dont les données alimenteront à la fois le projet ESPACYPA et le projet CIMBA

Conformément à notre mission de formation des jeunes chercheurs, le projet CIMBA permettra également d’engager des étudiants caribéens dans le cadre de leur stage de master, mais également au niveau doctorat. Yuna Mélane, étudiante guadeloupéenne que nous soutenons depuis son master déjà dédié aux EEE, a ainsi entamé cet été sa thèse sur les mammifères exotiques envahissants, dont la conduite est étroitement liée au projet CIMBA.

Le projet a en outre une importante dimension collaborative à l’échelle des Antilles, étant mené en partenariat avec deux organisations locales de territoires différents, avec lesquelles nous travaillons pour coordonner les actions et partager les connaissances : la Fondation FOKAL en Haïti et Gruppo Jaragua en République dominicaine.

Ce nouveau projet nous permet enfin de prolonger notre collaboration avec le programme Interreg Caraïbes qui nous a renouvelé sa confiance après le succès du précédent projet MERCI, et apporte un soutien financier conséquent, indispensable à la mise en œuvre d’un programme de recherche-action d’une telle envergure.

 

Les grandes étapes du projet CIMBA

Le projet CIMBA repose sur un ensemble de quatre axes, abordant chacun la problématique via des angles complémentaires.

Il s’agira tout d’abord de mener une analyse approfondie de la répartition spatiale de quatre espèces de mammifères prédateurs exotiques (les rats, les mangoustes, les chiens et les chats), et de déterminer leurs effets sur la biodiversité locale. Cette phase inclut des études dans différentes aires protégées en Guadeloupe, en Haïti et en République dominicaine, avec l’utilisation de pièges photographiques et l’analyse du régime alimentaire de certaines de ces espèces pour mieux comprendre leurs impacts.

L’optimisation des actions de contrôle constitue un deuxième axe important. En partenariat avec les gestionnaires d’espaces naturels, différentes techniques de lutte seront expérimentées et améliorées pour maximiser leur efficacité tout en réduisant les impacts indésirables.

Le rat noir constitue une menace pour la biodiversité locale, mais peu de données existent sur son écologie spatiale.

Les informations collectées étant utiles pour l’ensemble des territoires de la Caraïbe, un troisième volet sera consacré à la coordination régionale, notamment avec nos partenaires du projet. Différentes actions de communication seront mises en place et un réseau d’acteurs sera constitué pour favoriser le partage des connaissances et coordonner les efforts à l’échelle régionale.

Enfin, une large campagne de sensibilisation permettra d’informer les populations locales sur les menaces écologiques et sanitaires liées à la prolifération des mammifères prédateurs exotiques. Cette démarche vise à stimuler l’adhésion collective aux mesures de contrôle, essentielles pour la réussite du projet.

 

Un projet important pour la biodiversité caribéenne

Le projet CIMBA, débuté le mois dernier, présente des perspectives importantes en matière de conservation. En alliant science, actions concrètes et sensibilisation, nous espérons contribuer de manière significative à la protection de la biodiversité de la Caraïbe, tout en restant fidèles à notre objectif de formation de jeunes chercheurs caribéens.

 

 

Le projet CIMBA est cofinancé par le programme INTERREG Caraïbes au titre du Fonds Européen de Développement Economique Régional.