Un succès en forme de consécration pour l’association, assorti d’un beau challenge à venir. Le projet MERCI (Managing Exotic Reptiles on Caribbean Islands), porté par Caribaea Initiative, a été retenu par le programme Interreg Caraïbes pour une subvention FEDER (fonds européen de développement régional) à hauteur de 403 628 €.
Les écosystèmes de la Caraïbe insulaire sont particulièrement vulnérables aux espèces exotiques envahissantes. Alors que certaines de ces espèces ont déjà reçu une attention particulière de la part des scientifiques et des gestionnaires, tels que les mammifères ou les poissons lions, d’autres comme les reptiles ont été relativement peu étudiées. Le commerce de reptiles exotiques, l’important trafic aérien et maritime entre les îles et avec le continent et le tourisme de masse sont pourtant autant de facteurs augmentant la vulnérabilité de la Caraïbe insulaire face à ces espèces. Alors que de nouvelles espèces de reptiles exotiques ont été signalées dans différents pays et territoires de la région au cours des dernières années, les données scientifiques restent manquantes. Il apparait donc nécessaire de mieux cerner les espèces à risque et de comprendre leur impact potentiel sur les espèces autochtones afin de réagir avec des mesures de gestion adaptées.
Le projet MERCI constitue une approche intégrée du problème posé par les espèces de reptiles exotiques envahissants dans les Petites Antilles. Il vise en particulier à améliorer les connaissances scientifiques sur ces espèces, tout en apportant des solutions techniques pour prévenir leur introduction ou limiter leur expansion. Prévu pour durer un an et demi, le projet se décline en plusieurs volets complémentaires.
Un indispensable état des lieux des espèces exotiques de reptiles déjà introduites dans les Petites Antilles ou susceptibles de l’être sera réalisé. Les espèces seront inventoriées et la trajectoire démographique actuelle et future de leurs populations sur les différentes îles sera analysée. Cette approche permettra d’évaluer les risques posés par chaque espèce sur les écosystèmes locaux. Ce premier volet aboutira à la création d’une base de données, accessible en ligne, rassemblant toutes les informations connues sur ces espèces, et constituant un outil précieux pour la mise en place de mesures de gestion des reptiles exotiques.
Le projet s’attellera, dans un second volet, à un approfondissement des connaissances relatives à quelques espèces particulières. Certains reptiles exotiques envahissants méritent en effet une attention spéciale en raison de leur impact important, avéré ou potentiel, sur les espèces autochtones. C’est le cas notamment de l’iguane vert, de plusieurs espèces de geckos et lézards anoles, ou encore de tortues d’eau douce du genre Trachemys. Des projets de recherches axés sur ces espèces permettront ainsi de mieux comprendre les conséquences de leur introduction, leur expansion démographique et l’impact qu’elles ont sur les écosystèmes locaux. Ces connaissances permettront de formuler des recommandations de mesures de gestion aux niveaux local et régional.
Le projet dispose enfin d’un volet très appliqué, destiné à renforcer les mesures de prévention contre les espèces de reptiles exotiques envahissants. Le développement d’une application mobile constituera un outil technique facilitant l’identification des espèces à risque. Des sessions de formation seront également organisées, à l’intention du grand public mais surtout auprès de professionnels tels que les douaniers ou les services de police environnementale, directement concernés.
Pour ce projet ambitieux, l’association Caribaea Initiative compte sur le soutien de nombreux partenaires : l’Office Français de la Biodiversité, l’Université de Bourgogne, l’Université des Antilles, Le Museum National d’Histoire Naturelle, mais également des partenaires extra-communautaires en Dominique, à Sainte Lucie et à Saint Vincent et les Grenadines. Caribaea Initiative a également le plaisir de voir son équipe s’agrandir pour l’occasion avec le recrutement de Vivien Louppe, chargé de la coordination scientifique du projet, et Elise Queslin, directrice des programmes. Une équipe qui sera renforcée par la participation de chercheurs, d’agents locaux et d’étudiants de master caribéens.